Je veux tout, toi et les autres aussi

Maison déserte. Silencieuse. Pour la forme, Nemo fit un peu de bruit en rentrant, tapa des pieds sur le carrelage du hall et chantonna "Y'a quelqu'un?" sur plusieurs airs connus. Et comme il n'obtint pas de réponse, il alla à la cuisine se prendre une part de gâteau au chocolat avant de monter s'échouer dans sa chambre.
Le bordel qui régnait dans la pièce surprit le homme lui-même. Il hocha la tête sur le côté, sourcils froncés, l'air de blâmer le responsable, avant de se souvenir, sourire d'abruti aux lèvres, que le responsable, c'était lui. Le sol était jonché de prospectus divers en faveur du mouvement étudiant, de pantalons sales, et de chemises pas vraiment plus propres. Rassemblant le tout en tas dans un coin avec le pied, Nemo alla ouvrir la fenêtre pour se griller une cigarette. Il faisait gris, et le huat de la Tour Eiffel disparaissait dans le ciel nuageux. Le homme expira un halo de fumée, et soupira, sans savoir si c'était d'aise ou de fatigue.

Coline tournait encore une fois en rond dans sa chambre. C'était pas possible, elle avait l'impression d'être un lion en cage, sauf que le cirque ne change jamais d'endroit ! C'était très frustrant, et Alix, la petit soeur lui tapait sur le système ! Une vraie peste ! Grrr. Mon révolutionnaire de jumeau se faisait de plus en plus rare. En gros, tout le faisait chier, et notament ses parents tous nets, et très droits.
La jeune fille alla chercher le télphone dans le salon, heureusement le fil était assez long pour le transporter jusque dans sa chambre. Puis, dans un geste très habile, Coline tourna le cadran pour taper le seul numéro qu'elle connaissait par coeur avec celui de chez elle. Celui des Ferret Robincourt.
Et maintenant, il n'avait plus qu'à prier pour que quelqu'un décroche !

La sonnerie stridente du téléphone fit sursauter Nemo. Il resta encore un instant accoudé à la fenêtre, hésitant à répondre ou non. Si c'était ses parents, la conversation risquait de durer peur de temps, et c'était une bonne chose. Si c'était un représentant en paratonnerres, le jeune homme saurait bien comment l'envoyer chier rapidement. Si c'était Manon qui voulait lui demander un truc, ça allait, mais il avait gravement la flemme de tenir une conversation politiquement orientée avec ses potes pour le moment. Donc si c'était un copain, il prétexterai un rendez-vous avec une fille.
Se détachant du mur, Nemo envoya valser son mégot à terre, dehors, d'une pichenette. Il referma la fenêtre, saisit au passage une bouteille de bière ouverte, sur son bureau, et courut dans le couloir jusqu'au petit salon fumoir, où se trouvait le téléphone le plus proche. S'affalant sur un fauteuil, il décrocha le combiné qu'il coinça entre son oreille et son épaule, et avala une gorgée de bière tiède et pas bonne avant de répondre

Ouais?

L'habitude de répondre poliment "Allô", au téléphone n'existait plus depuis un bon moment, chez Nemo. Balançant ses pieds par-dessus l'accoudoir du fauteuil en cuir, il se mit plus à l'aise, plaçant un coussin derrière son dos. Il reposa la mauvaise bière, et se mit en quête d'une cigarette, tout en gardant le combiné contre l'oreille.

Après 4 bonnes sonneries, et juste avant que le répondeur s'enclenche, un des Ferret Robincourt décrocha. Coline avait les pieds en l'air, la tête en bas, les cheveux en évantail sur le sol, ça position préférée ces dernier temps lorsqu'elle était sur un canapé.
La voix masculine et grave lui indiqua qu'elle avait à faire à l'ainé de la famille. Nemo. Elle sourit losqu'il lui répondit avec un 'ouais' bourru.

"Salut Nemo ! J'm'ennuie ! Tu veux pas faire un truc, n'importe quoi ?!"

Oui, allons droit au but, Coline n'avait pas l'habitude de tourner autour du pot et le comment ça va ? Bien et toi ? Ouais ça va. Quoi de neuf ? C'était chiant et ça servait à rien, surtout que cet appel avait un but bien précis : Se sortir de cet ennui mortel qui devenait récurrant dans la vie de la jeune femme. Très mauvaise habitude d'après elle.

[ Mon amour, en 1968, il n'y a pas de répondeur. les téléphones sont encore ceux avec des petites roulettes, pour composer les numéros =) ]

Nemo reconnut une voix féminine, mais, occupé qu'il était à chercher des cigarettes, il mit un temps à faire le connection. Après être resté interdit quelques secondes, sourcils froncés, son visage s'éclaira, et une petite ampoule dans sa tête fit 'Tilt! Coline!'. Il se rassit dans son fauteuil, sans cigarette, et soupira en s'étirant.

Orgnmf... Ben je viens de rentrer, là, donc je t'avoue que je n'ai pas tellement le courage de sortir. Mais passes à la maison, si tu veux, mais moi je ne peux plus bouger, là.

Poser le pied hors de chez lui lui parut être un effort surhumain, au moment même. Et puis son il n'avait pus d'essence dans le solex, donc il faudrait bouger à pied, ou en bus... Ah non, là, vraiment, ce n'était pas possible.

[ Ah bon, j'aurai pensé qu'il avait inventé le répondeur en même temps que le répondeur ! Bon c'est pas très grave =) Tu veux qu'on se rejoigne à quelle heure ? Mais je te préviens, il me reste pas grand chose à faire donc je sais pas si je vais être très concentrée ]

Coline laissa tombé ses jambes sur le canapé adoptant une position très improbable par la même occasion, du style chandelle cassée.

"Huum. C'est loin chez toi quand même, mais bon tanpis, j'ai vraiment pas envie de rester chez moi. Surtout que les géniteurs et la terreur qui me sert de petite soeur sont là. A croire que jamais ils ne travaillent. Bon, bah ... J'arrive."

Coline raccrocha le téléphone sans prendre la peine de dire au revoir, après tout ça servait à rien, c'était Nemo pas sa grand-mère. Elle se releva enfin les joues légèrement rougies d'voir la tête sans cesse vers le bas. La jeune femme attrappa ses vieilles converses toutes pourries qu'elle avait payé trois sous, sa veste qu'elle avait balançait la veille dans un coin de sa chambre, son éternelle sac en bandolière, les clefs et CLAQ !
Sa mère allait hurler en découvrant le télphone posait en vrac dans sa chambre, mais bon tant pis. Le 16eme, qu'est ce que ça pouvait être loin.
Elle attrappa un bus qui passait direction Les Champs Elysées, après bah, elle marcherai.
Vingts minutes plus tard, elle était en bas de l'immeuble et monta chez les Ferret Robincourt. Le doigt visé sur la sonnette, juste pour embêter le jeune homme qu'elle savait seul, sinon, jamais il aurait pris la peine de répondre au téléphone.

[les répondeurs n'existaient pas, votre façon de faire parler vos personnages non plus!]

[A mon humble avis, 'Ouais' existait, mais 'bouger' peut-être pas. J'ai fait attention à le remplacer par 'sortir', dans le dialogue. Et arrête donc de surveiller les conversations de ta soeur.
Pour Clara, laisse tomber, je pense qu'on arrivera pas à travailler ensemble, je vais bosser toute seule.]

Après avoir raccroché, Nemo avait finalement trouvé la motivation pour se lever, retourner dans sa chambre et se fumer une nouvelle cigarette. Le ciel s'éclaircissait, devenait un peu plus bleu que gris, mais il ne faisait pas vraiment beau, encore. Il resta un moment à la fenêtre, puis alla s'espatater sur son lit (tiens, mon ordinateur ne connait pas le mot 'espatater'), jusqu'à ce qu'il entende la sonnette. Tel un gros tas fatigué, il roula jusqu'à terre et descendit les escaliers de la maison jusqu'à la porte d'entrée. Par les vitres troublées, il distingua la silhouette floue de Coline qui lui arracha un sourire. Cette fois ci était moins drôle que les autres, puisqu'il savait que c'était elle. Il se souvint que, petit, il aimait aller ouvrir la porte, juste pour le plaisir de deviner l'identité du visiteur d'après sa silhouette.
Sans plaisir, donc, cette fois, il ouvrit la porte, embrassa Coline sur les deux joues, et lui proposa de passer par la cuisine avant de monter dans sa chambre. Depuis un moment, Nemo ne fréquentait, chez lui, plus que la salle de bains réservée aux enfants, sa chambre, et la cuisine. Il fuyait le salon, mangeait debout sur le carrelage, et les rares fois où il dinait en famille, dans la salle à manger, il repartait aussitôt. Sa chambre lui paraissait nettement plus appropriée à son mode de vie. Il y avait son piano, son lit, ses cigarettes, ses disques vinyls et un canapé. Pour lui, c'était amplement suffisant.

Coline se rendit compte que ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu Nemo. Effectivement, elle venait souvent voir Manon, mais Nemo était rarement là, un peu comme Eloi en fait.
La jeune femme s'assit sur le plan de travail de la cuisine, heureusement la mère supérieure Ferret Robincout n'était pas là, elle en aurait fait un arrêt cardiaque, à tous les coups. De voir Nemo penché, la tête dans le frigo lui fit repenser a cette soirée, il y a bien longtemps, lorsque leurs parents respectifs les avaient mis à garder auprès d'une nounou pour la soirée, et que la pauvre femme avait vite était dépassée par les quatre enfants. Nemo avait poussé Eloi la tête la première dans le frigo alors qu'il cherchait tranquillement de quoi boire, les filles quant à elles sautaient sur tous les canapés du salon. La pauvre jeune femme avait été traumatisée par sa soirée qu'elle croyait être tranquille. Bien sûr, quatre enfants âgés de 7 à 11 ans, et de bonne famille qui plus est, ne pouvaient pas être terrible. Grave erreur !
Ce souvenir arracha un sourire à Coline, et trop tenté par les fesses bien en évidence de Nemo, de son pied elle le poussa pour qu'il se retrouve, comme Eloi quelques années plus tôt, la tête dans le réfrigérateur.

[Clara, tu es désespérante. Heureusement que je suis admin, je peux éditer ton message plein de fautes. Et puis on dit que les enfants se connaissent donc depuis un moment, mais pas avant cette fameuse soirée. Donc ils se connaissent depuis que Nemo a onze ans, les jumeaux, neuf, et Manon, huit.]

Nemo, sans bien comprendre le processus initiateur, se retrouva nez à nez avec un saladier plein de brocolis. Il ressortit a tête du frigo en haussant les sourcils, un grand sourire lui barrant le visage. Il éclata de (sou)rire, voyant Coline rouge de rire. Fermant la porte du frigo, sans en avoir rien sorti, au final, il protesta violemment, tout sourire:

Hé, non mais ça va pas?! Je ne t'ai rien fait!

C'était plus pour la forme que par réelle colère. S'il avait été projeté dans un pot de fromage blanc, là, il aurait vraiment été énervé. Mais bon. Coline était un peu une petite soeur, et par conséquent, il ne voyait pas de gêne à la traiter comme sa soeur. Enfin, comme un frère et une soeur s'entendaient normalement, ce qui n'était pas vraiment le cas de Manon et Nemo, sauf de temps à autres. Il s'approcha de Coline et frotta son poing sur le crâne de la jeune femme, en riant.

[ Mais laisses mes fautes ! Ca m'occupe quand j'ai rien à faire, d'éditer pour les corriger Very Happy

]

Je vengeais Eloi ! Et me frotte pas la tête comme ça, je suis pas un chien !

Elle n'était pas du tout énervée, bien au contraire, mais seulement, oui, non elle n'était pas un chien ! Et surtout elle avait pas du tout envie de passer une heure à se brosser les cheveux ce soir, c'est pas le truc le plus marrant du monde. Alors a son tour, et surtout parce qu'elle aime bien être chiante, elle frotta à son tour la tête de Nemo. Elle ouvrit le frigo, sans néanmoins mettre la tête dedans comme Nemo quelques instants plus tôt, elle voulait pas avoir des feuilles de salade dans les cheveux et un masque au fromage blanc sur le visage, et en sortit une bière, qu'elle tendis au jeune homme, et enfin une bouteille de coca-cola. Elle était accro à cette petit bouteille en verre au grand desespoir de ses parents qui trouvaient cette boisson tout à fait répugnante. Malicieusement et à l'adresse de Nemo, à qui d'autre pouvait-elle s'adresser étant donné qu'ils était seul, elle ajouta :

" Tiens, toutou, je t'offre un bière, mais tu as interet à être sage maintenant !"

S'emparant de la bouteille que lui tendait Coline, Nemo passa un bras autour des épaules de la jeune femme, et l'entraîna dans les escaliers. Dans sa chambre, il fit un peu de place en poussant les tas trainants par terre dans les coins, enclancha un disque sur son pick-up - Louis Armstrong - et alla s'échouer sur le canapé. S'allumant un cigarette, il finit par rire:

Alors, qu'est ce qu'il t'arrive? C'est ton frère qui t'a perverti comme ça, au point que tu n'ailles même plus au lycée? Je lui en toucherai deux mots, à ce gamin, c'est mal de sa part. Qu'il ruine son avenir, d'accord, mais le tien, parti pour être si brillant.

Se moquer gentiment des filles était un passe-temps pour Eloi et Nemo qui, pour leur part, avaient déjà fait pas mal de conneries. Notamment concernant l'éducation, collège, lycée et université confondus. Bien sûr.

Coline alla s'échouer sur le lit de Nemo, et lui balança un bonne oreiller en pleine face à sa remarque. C'était toujours la même reflexion, aussi bien de son frère que de Nemo, que des autres, fatiguant. Et surtout pas très original.

"Pourquoi vous pensez tous que je suis une petite fille modèle ?! Bon d'accord, je le suis sûrment un petit peu, mais quand même ! "

Elle concéda même si la bonne foi n'était pas son fort, elle comprenait pas pourquoi tout le monde voyait en elle, la fille dont tous les parents rêves, ou presque ...

"Et puis, le lycée est fermé. Et qu'est ce que ça peut bien te faire, à toi, Monsieur le jazzman engagé ?"

Après tout ce n'était pas son frère.
Après mûre reflexion, heureusement ça ne lui avait pas pris longtemps, enfin, pas forcement heureusement d'ailleurs. Coline venait de réaliser que la première partie de sa phrase n'était pas forcément necessaire et qu'en plus ça confirmé la thèse et les accusations d'Eloi et Nemo. Des fois, elle avait vraiment une trop grande gueule.

Nemo eut un sourire, haussa les sourcils, et avala une gorgée de bière. Tira sur sa cigarette, se leva pour aller ouvrir la fenêtre et finit par se tourner vers Coline, sourire en coin. Il avait en lui une envie irrépressible de se moquer d'elle. Ca lui venait, parfois, c'était une remontée soudaine de sa nature de grand-frère qu'il repoussait la plupart du temps. Emmerder le monde, il savait faire. Emmerder Manon, il s'en croyait incapable. Emmerder Victoire et Arthur était impossible, en raison de la garde protégée qui leur était attachée. Restait Coline, comme proie potentielle, et assez marrante.

Pauvre enfant malheureuse. Ce n'est pas trop dur d'être jetée du lycée à coups de pieds au cul? Si ça t'amène carrément à venir me voir, c'est que c'est un événement de taille, non?

Il vint s'espatater sur le lit, à côté de Coline, et lui passa affectueusement la main sur le visage. Il se moquit mais n'était pas méchant. Pas besoin de relever ce petit surnom qu'elle lui avait donné. ET puis la question était purement réthorique? Aucune réponse à donner.

Coline repoussa d'une tape la main de Nemo, il se moquait d'elle et il venait lui caresser la joue après, quel culot ! Elle avait assez d'un frère à la maison.

"Oui, je dois carrement être desespérée ! J'avais deux possiblités, la première : me jeter par la fenêtre, ou bien, deuxième possibilité : venir te voir. L'un dans l'autre, ça revient un peu à la même chose ... Mais la deuxième solution est, normalement, moins salissante."

Elle gratifia le jeune homme d'un sourire qui avait plutôt l'air d'une grimace et poussa du pied un tas de fringues en grimaçant de plus belle.

"Je suis sûre qu'il y a un rat mort quelque part en dessous de toutes ses saletés !"

Qu'est ce que ça pouvait être en foutoir cette chambre. Le mot 'garçonnière' prenait tout son sens à présent. Pourtant la chambre d'Eloi n'était pas dans cet état, en même temps rien d'étonnant vu que le jeune homme n'était jamais à la maison,même si de temps en temps il passait dormir et encore, alors évidemment dur de déranger quoi que ce soit.

Mhmhm, aquiesça Nemo, pensivement.Ne remue pas trop le tas de vêtements, en dessous, il y a le cadavre d'une jeune lycéenne qui n'allait pas en cours et est un jour venue ici tromper son ennui.

S'allongeant complètement, Nemo posa la main sur ses yeux, fatigué, comme si le fait de se cacher la vue pouvait stopper son débit de bêtises. Mais c'était probablement assez illusoire. Inspirant à fond, expirant lentement, Nemo se promit intérieurement de se calmer, tout en sachant trs bien qu'il allait ressortir n'importe quoi dans dix secondes. c'était très certainement la raison pour laquelle il avait toujours été plus proche d'Eloi que e sa soeur, et de Manon que de ses parents.

ET l'énergumène qui te sers de frère, qu'en as-tu fais?

"Simpathique ... Bref. Je crois bien que je l'ai séquestré sauf que j'ai oublié de le deshatéré alors il doit être déseché, quelques part. Je ne me souviens pas très bien."

Oui Eloi était porté disparut depuis une bonne semaine et le temps passant Coline s'habituait doucement à son absence, ou pas d'ailleurs ... Que faisait-elle près de Nemo sinon. Sérieusement ?! Il est aussi chiant que 'l'énergumène qui lui sers de frère', aussi engagé et aussi ... libre ? En somme, le terme d'éléctron libre décrirait assez bien les deux jeunes hommes d'après la blondinette.

"Plus sérieusement."

Finit-elle par laché après un long silence.

"Il est porté disparu depuis une bonne semaine, et il ne daigne pas donner de nouvelles à sa génialissime de soeur ! C'est pas triste franchement ?! Eh ! Nemo, tu m'écoutes oui ?!"

Coline était prète à croire qu'avec sa main sur les yeux le jazzman s'était endormi, alors elle souleva la main de Nemo et après ça elle sauta sur le ventre du jeune homme. Et TOC ! Tu fais ton casse bonbon, je fais le mien. Telle est ma devise.

[Clara, je t'en prie, sans rire, RELIS-TOI! C'est horrible de lire tes messages! Des fautes de frappes passent encore, tout le monde en fait, mais là, c'est plus possible...]

Nemo suffoqua sous le poid soudain de Coline sur son ventre. Arg, elle n'avait pas l'air, comme ça, mais elle pesait le poids d'une jeune fille. Quoi de plus normal, en même temps. Dans un bruit ignoble qui indiquait qu'il commençait à manquer d'air, Nemo repoussa son amie et se releva sur les coudes. Lui non plus n'avait pas eu de nouvelles d'Eloi depuis un moment. Mais il le connaissait bien, et savait que depuis qu'il avait passé son bac, le jeune homme se sentait plus libre que jamais. La révolte étudiante grandissante l'attirait, bien qu'il ne fut ni inscrit en fac, ni dans une prépa, ni dans une école, et il volait de fille en fille, comme Nemo le faisait si bien, lui aussi.

Ne t'inquiète pas pour lui, il est comme ça, tu le sais. Il faut que tu sortes, que tu bouges. Ne reste pas plantée à l'attendre, c'est n'est pas ton prince charmant, c'est ton frère.

Il ne savait pas trop ce que faisait sa soeur, lorsqu'il quittait la maison pour aller vadrouiller, mais il supposait qu'il l'avait éduqué correctement, et qu'elle meublait sa vie sans se faire trop de souci pour lui. De toute façon, la pire chose qui pouvait lui arriver, c'était de mourir. Alors franchement, pas de quoi s'inquiéter.

[Anna, je suis désolée mais à me relire, à part une faute de frappe je vois pas les fautes, et je m'étais relue, et en plus le principe des fautes d'orthographe c'est qu'on les voit pas, sinon, on les corrigerai. J'ai toujours été une merde en orthographe, désolé. ]

"Pourquoi tout le monde croit que je passe mon temps à attendre Eloi ?! C'est pas vrai ! Je fais autre chose de ma vie que d'attendre mon frère. Sauf que je conçois pas ma vie dans le lit d'un garçon différent tous les soirs. N'est ce pas ?!"

Coline fit un petit sourire condescendant à Nemo. Oui, elle savait très bien qu' Eloi était son frère, c'était même son jumeau, et non, elle ne passait pas sa vie à l'attendre, elle comprenait pas pourquoi les gens s'acharnaient à vouloir croire que son monde tournait autour de ' l'astre Eloi ' ? Surtout qu'elle avait été la première à montrer un besoin d'indépendance face à sa gémélité, bien que l'absence de son frère lui pèse de temps en temps, enfin surtout quand elle s'ennuie comme très souvent ces derniers temps.
Légèrement boudeuse, Coline se leva pour récupérer sa bouteille de coca-cola qu'elle avait posé quelques instants plutôt sur le bureau - dont elle ignorait l'utilité - et but une grande gorgée, les fesses à moitier assises sur le bois du meuble.

Nemo brandit ses mains, paumes à la verticale, devant lui, en position de défense, bras tendus, devant la violence de la réponse de Coline. Oulah lah, mais c'est que ça mordrait, cettte bête là.

Oulah, mais tu es dangereuse, quand tu t'y mets. Heureusement, mon amie, que tu ne conçois pas ta vie dans un lit différent chaque soir. D'abord, ce serait mauvais pour ton baccalauréat. Ensuite, j'adorerai voir la réaction de tes parents. Et enfin, un jeune homme qui couche avec plusieurs filles différentes, surtout à notre époque où la libération sexuelle nous vient tout droit des Etats-Unis d'Amérique (où des Hippies se balladent nus sur des pelouses en chantant à tue-tête), donc, un jeune homme qui couche avec plusieurs filles différents est vu comme un jeune homme libre. il ne le montre pas forcément, non la société française n'est pas encore prête à cela, et je doute qu'elle le soit un jour. Néanmoins, un jeune homme qui se comporte ainsi est novateur. Il découvre le sexe sous plusieurs formes, puisque toutes les filles font l'amour différemment? Il s'initie, et apprend. Une jeune femme qui se comporte ainsi, surtout si elle est mineure et au lycée, non seulement elle risque de voir son bac lui passer sous le nez - encore que cette année, je pense que tout le monde aura son bac, avec les révoltes qui battent le pavé - mais en plus, elle sera vue comme une prostitué, une catin, une pute. Appelle ça comme tu veux.
Tout ça pour te dire, Coline, qu'il est bien heureux que Manon et toi ne suiviez pas trop l'exemple de vos aînés. D'ailleurs, Eloi n'est même pas ton aîné. Tu as raison. Vis ta vie, mais ne viens pas me demander des nouvelle de ton frère, je n'en ai pas plus que toi Tu sais, au pire, il est mort. Bon. Eh bien il aura eu une jolie vie.

Le jeune homme s'étonna d'avoir parlé autant. D'habitude, il parlait peu, ou alors, pas pour dire autant de choses sérieuses, excepté lorsqu'il s'agissait de politique. Là, il pensait vraiment ce qu'il disait, et espérait que Coline allait le prendre au sérieux. Il ne faisait plus le jeune con, ça lui arrivait, parfois, de jouer les grands frères. Mais parfois, seulement.

Coline avait le regard dans le vide tandis que Némo faisait son beau discours. En fait, la jeune femme n'écoutait pas trop ce qu'il racontait, elle avait bien entendu quelques mots de ce discours - qui pour une fois n'avait rien de politique - catin, baccaloréat, Manon, Eloi, entre autre, bref rien de très interressant, surtout qu'elle n'avait pas besoin de ce genre de sermont. Enfin, elle ne croyait pas. Elle reposa sa bouteille sur le bureau, s'arrêta un instant devant la fenêtre pour observer le dehors et remarquer que les voisins regarder avec beaucoup d'attention la fênetre de Nemo. Et toujours sans dire un mot elle retourna s'assoir sur le lit près de Némo et l'enlaça. Comme ça, sans raison, peut être juste pour le remercier de son sermont de grand frère, ou juste parce qu'elle en avait envie et qu'elle était impulsive. Oui, juste comme ça.
Nemo avait cette odeur de tabac froid mélangé à l'odeur de lessive et de parfum.

La famille de Nemo n'avait jamais été très démonstrative de tendresse envers lui. Probablement à cause du traumatisme des camps. Il ne savait pas trop. Lui, au contraire, à cause du piano et de ce manque d'amour ressenti pendant vingt ans, il était tactile, et plein d'un amour débordant qu'il jetait par les fenêtres, et donnait à qui en voulait (sauf à De Gaulle, et à ses parents). Il n'avait jamais été très proche de Coline, et ne lui avait probablement jamais fait de câlin, ni même un câlin fraternel, mais il ne fut pas plus choqué que ça lorsqu'elle l'enlaça. Il fut surpris, un peu, resta un quart de seconde interdit, puis tira une taffe sur sa cigarette, avant de placer ses bras autour du corps de Coline.
Il savait qu'elle était une grande fille, maintenant, idem pour Manon, mais il avait du mal à les voir comme telles. Pour lui, Eloi et lui avaient grandis, étaient devenus de beaux et forts jeunes hommes libres et engagés, alors que les filles, et c'était pensé sans méchanceté, étaient encore leurs petites soeurs chéries. Peut-être parce qu'elles étaient toujours au lycée, et plus eux. Il ne savait pas.
D'ailleurs, il n'avait jamais considéré Coline comme une femme, matériellement parlant. Il voyait bien qu'elle avait une taille, des seins, des hanches, mais elle restait la petite Coline, et ne serait probablement jamais une proie potentielle d'une nuit. Heureusement, en fait. De même, lorsqu'il avait réalisé que Manon était une grande, qu'elle avait des propres problèmes de filles, et que s'ils étaient toujours juifs, elle irait en haut, avec les femmes, il avait été choqué.
Enlaçant Coline, il se rallongea sur le lit, bras autour du corps de la jeune femme, clope au bec.

Coline était là dans les bras de Némo. Elle imagina son frère en train de rentrer dans la chambre, elle sourit, il deviendrait fou ! bien que le calin n'avait aucune marque de sensualité quelconque. Elle savait bien qu'Eloi ne verrait pas les chose comme ça, même si c'était Nemo et qu'elle était elle.

"Tu sais que tes vosins sont des voyeurs ? Si j'étais toi, je ferais bien attention à ce que mes volets soient fermés lorsque je ramène une possible amante."

Elle rigola, biensûr, elle ne pensait pas à elle lorsqu'elle énonça ce fait. Oula ! Non. Elle n'oserais pas avoir une telle pensée. Coline attrapa la cigarette de Némo et prit une longue bouffé de goudron avant d'écraser le tube dans le cendier posé au pied du lit.

"D'ailleurs, où est passée Manon ?! Toi aussi tu l'as séquestrée dans la cave en obliant de lui donner à boire ? Je serais toi, j'aurais honte."

Déclara-t-elle en se relevant sur un coude pour voir le visage du jeune homme à la chevelure désordonnée.

Nemo protesta vaguement quand Coline écrasa sa cigarette. Les voisins étaient quasiment tous les vieux qui n'avaient rien à faire de leurs journées, à part commérer sur les petits voyoux lanceurs de pavés, et les histoires de coeurs et de fesses de leur entourage. Le jeune Ferret Robincourt constituait donc la proie idéale des discussions de thés des voisins. Il le savait, et s'en foutait complètement.

Je n'amène personne à la maison. Mes fréquantations, que ce soient des filles, des garçons ou des travestis, ne plaisent pas à mes parents. J'évite de créer une source de conversation, que constituerait l'arrivée d'une de mes connaissances pas très fréquentable.

D'un geste de la main, il salua Mme veuve Boilard, la voisine d'en face, accouddée à sa fenêtre. Depuis que son défunt mari avait été décoré post mortem pour service rendu à l'Etat (ce sale collabo avait bien aidé Pétain), elle se croyait tout permis, et par conséquent, était en ce moment même en train de penser à raconter au thé, jeudi prochain, qu'elle avait vu Nemo au lit avec une jeune fille bien trop jeune pour lui.µ Bien spur, elle inventrait des détails.

Elle vit sa vie, Manon. Je crois qu'on se croise, dans la maison, mais qu'on se loupe sans arrêt. Ou peut-être qu'elle est chez toi, sur le lit d'Eloi, en train de lui faire un calin fraternel.

"Peut être, qui sait ? Ca fait longtemps que je ne l'ai pas vu non plus d'ailleurs."

Elle se releva sortant des bras protecteurs de Nemo. En passant devant la fenêtre, elle tira la langue à la vieille bique de l'autre côté de la rue. Elle finit sa bouteille de coca avant de la jetée dans la poubelle. Un grand fracas retenti lorsque le verre toucha ... Les milliers de bouteilles de bière entassé dans la corbeille en plastique. Coline ouvrit de grands yeux avant de prendre le cimetière des bouteilles pour aller l'agiter sous le nez du grand brun !

"Mais mon Dieu ! C'est que tu es alcoolique ! Voyons Nemo ! Pourquoi tu me l'as pas dit, je pourrais t'aider, je veux dire, à te sortir de ce mauvais pas !"

Biensûr elle n'était pas sérieuse, mais très bonne comédienne, tout le monde pouvait croire qu'elle était réellement choquée et que Némo était vraiment dépendant de la bouteille. La petite vieille devait bien se demander ce qu'ils fabriquaient ces deux là, mais bon, on s'en fou, nous ne sommes pas des comères ?!