N'étant pas majeure, Maxine n'avait pas le droit de consommer de l'alcool. Néanmoins, étant jolie, les serveurs oubliaient souvent de vérifier son âge, pensant ainsi obtenir une faveur. Que Maxine refusait. En fin de soirée. Quand elle avait bu ce qu'elle voulait.
Le Filigrane avait été le repère de plusieurs poètes méconnus, pendant la guerre, et avait ensuite été lâchement déserté. Le fils d'un des poètes méconnus l'avait transformé en club, et, préférant la musique à la littérature, il en avait fait ce qu'on appelle un caveau. La vitrine ne laissait apparaître qu'un café ordinaire, et il fallait descendre à la cave de l'établissement pour apprécier le quartet qui reprenait les Stones, Armstrong, et Hendrix à la sauce Jazz.
En temps normal, Maxine venait avec une ou deux amies. L'année dernière, c'était avec Timaï, mais cette année... Seule au bar, Maxine avait déjà bu deux ou trois shots de whisky, et se trouvant devant un cruel dilemme. Fallait-il, ou non, en reprendre un? Elle se sentait profondément débile et pathétique, de siroter toute seule, mais le barman l'encourageait, espérant qu'ainsi, il pourrait peut-être passer la nuit avec elle.
Le groupe jouait Love In Vain, des Rolling Stones. La jeune femme inspira profondément, et commanda un verre de vin rouge. Love In Vain. Assise sur un haut tabouret, accoudée au bar, elle saisit son verre de manière à ce que le ballon tienne bien dans sa paume, et fit tourner le liquide ambré dans le récipient.
Whoa, it's hard to tell, it's hard to tell
When all your love's in vain.